CUBANET

30 janvier 2001



Est-ce qu'à Cuba c'est un délit typique de faire du journalisme?

(Témoignage d'un journaliste indépendant arrêté récemment par la police politique du gouvernement de Cuba)

LA HAVANE, le 28 janvier (Silvio Herrera Nuñez, AFPCP) – A sept heures du matin, lorsque je rentrais du travail, un agent de la Sûreté de l'Etat m'a arrêté, m'a conduit vers le poste de police de la municipalité Marianao (Silvio Herrera habite dans La Habana Vieja). Là ils m'ont fait attendre assis sur un banc pendant plus d'une heure jusqu'à ce que l'officier arrive avec une voiture et m'a emmené par les Ocho Vias jusqu'à une maison qu'ils ont dans les alentours de la ville.

C'est une maison mise par-dedans, comme nous disons à Cuba, parce qu'elle est située dans un endroit dont on ne peut pas préciser l'adresse, mais dans la direction de la province de Pinar del Rio.

Ils m'ont assis dans une salle avec beaucoup de confort où il y avait une table au milieu et quatre fauteuils modernes. Un autre officier s'est joint à celui qui m'a arrêté qui dit s'appeler Jésus, et entre les deux ils ont commencé l'interrogatoire.

Où j'ai fait mes études, où je travaille, si j'avais un diplôme en journalisme, ont été quelques-unes unes des questions qu'ils m'ont faites. Je leur ai dit que je n'étais pas un journaliste diplômé de l'université, mais que je faisais ce travail et que j'essayais d'être meilleur chaque fois.

Ils m'ont demandé combien on me payait. Je leur ai dit rien, que je recevais une aide humanitaire de 20 dollars que m'envoie CubaNet et qu'ils savaient parfaitement que je gagnais ma vie en conduisant un tricycle (bicitaxi).

Après ce point-là, du supposé salaire, ils m'ont menacé de m'appliquer la Loi 88, appelée « Loi Bâillon » (législation du Parti Communiste par laquelle un reporter indépendant peut être condamné à 20 ans de prison).

Ils m'ont demandé si j'étais sûr de ce que je faisais lorsque je lisais par téléphone ou passais par fax les nouvelles ou chroniques pour être publiés par CubaNet, et je leur dit que oui, que j'étais protégé par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de laquelle mon pays, Cuba, est signataire depuis 1948.

Ce fut alors qu'ils m'ont précisé avec insistance que dans le pays, Cuba, il y a des lois internes qui, selon eux, n'ont rien à voir avec la déclaration Universelle. « Chaque pays a ses lois internes », m'a dit un de ces officiers de la Sûreté de l'Etat.

Apres avoir donné cette affirmation ils ont essayé de donner des arguments en disant qu'aux Etats-Unis par loi on interdisait aux américains de visiter Cuba et que si ceux-ci désobéissaient on les punissait.

Ils m'ont menacé en disant que si j'étais entré dans le journalisme indépendant pour ensuite essayer de sortir du pays par un programme de réfugiés, eux, la Sûreté de l'Etat ne me donnerait pas le permis de sortie soit la dite « carte blanche », qui est supposée être de la compétence de la Direction d'Emigration.

Pour ma part, je leur ai répondu qui si un jour je me décidais à partir du pays c'est parce que ce droit me soutient par norme internationale et que si ce jour arrivait et la police politique m'empêchait de réaliser ma volonté moi, de toutes façons, je continuerais à écrire et à publier mes articles par CubaNet, et par tous les endroits qui me permettraient de le faire, et ainsi de n'importe quelle façon ils devraient m'avaler ou m'avoir comme une épine en travers que l'on ne peut pas avaler.

Ils ont beaucoup insisté sur le fait que CubaNet ne paie pas et qu'à son tour CubaNet reçoit de l'argent de la CIA. Je leur ai riposté que cela n'est pas vrai, que seulement je reçois une aide humanitaire et qu'il ne m'importe pas d'où CubaNet obtient l'argent. C'est une aide mais en aucun cas n'est un salaire, c'est simplement une contribution petite et bien reçue, je leur ai dit.

Jusqu'à deux heures et quart de l'après-midi nous sommes restés dans ces discussions. Ils m'ont invité à boire du café et à déjeuner avec une certaine amabilité, mais je leur ai dit que je n'avais pas à déjeuner avec eux, que seulement je prenais de la nourriture chez moi, les mêmes que mange ma famille et que s'ils allaient me mettre en prison, alors je mangerais celle du pénitencier.

A cette heure-là ils m'ont ouvert la porte, et sans autre explication m'ont dit: "Tu peux partir".

L'endroit où ils m'ont tenu est une maison entourée d'un mur de ciment très haut dans lequel il y a une porte de ferre fermée par l'intérieur avec un cadenas. J'ai du marcher dans un terre-plein étroit jusqu'à la route.

Je n'ai pas pu préciser l'adresse de cette maison, elle se trouve dans un endroit compliqué, elle ne se voit pas depuis le terre-plein parce que le mur, de couleur blanche, l'empêche.

Une fois dans les Ocho Vias, j'ai du prendre un camion jusqu'à la municipalité La Lisa, après un bus 222 jusqu'au Parc El Curita, d'où j'ai été à pied jusque chez moi dans la Habana Vieja.

Ils ne m'ont pas maltraité physiquement, mais de fait c'est un mauvais traitement qu'ils m'arrêtent pour écrire des articles d'opinion et des nouvelles. Ou bien est-ce qu'à Cuba c'est un délit typique de faire du journalisme ?


Traduction: Genevieve Tejera

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