CUBANET

29 novembre, 2001



Les villages captifs (I)


Hector Maseda, Grupo Decoro

LA HAVANE, novembre (www.cubanet.org) – Ces communautés, véritables camps de concentration pour leurs constructeurs, furent créées par les autorités cubaines dans le but de maintenir sous contrôle et loin de leurs provinces d’origine les milliers de paysans collaborateurs du mouvement armé guérillero qui avait surgi dans les années 1960-65, dans le massif montagneux de l’Escambray, dans l’ancienne province de Las Villas. L’exil de ces personnes et de leurs familles a commencé en 1970 et ne s’est arrêté qu’en 1985 avec le transfert du dernier noyau de paysans qui vécut dans cette région centrale du pays.

Fredesvinda Hernández Méndez (Fredes), née à Los Quemados, municipalité de Manicaragua, fut l’une des victimes des villages captifs, non seulement pour sa religion –elle est Témoin de Jéhovah – mais pour s’être mariée avec le fils d’un collaborateur des insurgés dans cette zone montagneuse. Son beau-père, Heriberto Hernández Quesada, possédait une plantation de café située sur les pentes de la montagne, à Güinía de Miranda.

"Mon beau-père – signale Fredes - la police politique du gouvernement (le DSE ou G-2) l’avait classifié comme collaborateur de la guérilla qui a opéré dans la localité entre les années 1960-63. Il leur fournissait de la nourriture et leur permettait de dormir sur ses terres. Il en avait fait autant avec les troupes de Castro. En plusieurs occasions il fut arrêté par le DSE, soumis à des interrogatoires et accusé d’ennemi de la révolution".

Six ans après la fin du dernier foyer guérillero, le 15 décembre 1971, la police politique convoqua Heriberto avec des centaines de paysans qui, comme lui, avait soutenu les groupes armés opposés au régime. L’intention du gouvernement était de nettoyer les alentours des collines centrales du pays d’éléments qui à l’avenir pourraient soutenir une autre action armée contre le régime de Fidel Castro.

"De cette façon des habitants de Trinidad, Fomento, Güinía, La Moza, Manicaragua, Cumanayagua, Barajagua, El Nicho et Jibacoa - nous dit Fredes - se virent impliqués dans l’opération de nettoyage où ils étaient comme les ordures qu’il fallait éliminer. Parmi les personnes citées se trouvaient quelques ex-guérilleros qui ne furent jamais identifiés comme tels. Les officiers se réunirent avec eux dans le stade sportif de la ville de Santa Clara. Le discours fut bref et direct: 'Nous allons vous transférer vers d’autres provinces parce que vous êtes des personnes portant tort à la révolution. Tous vous avez soutenu la contre-révolution dans l’Escambray, vous ne méritez même pas l’air que vous respirez. Jamais vous ne pourrez retourner à la province. Ce que vous allez souffrir à partir de ce moment, le souffriront vos enfants et petits-enfants, les enfants de vos petits-enfants...' Immédiatement, ils les firent monter dans un train dont les wagons avaient été transformés en petites prisons mobiles et sous forte garde militaire vers leurs nouvelles destinations : les villages captifs qu’ils construiraient, en qualité d’exilés et prisonniers. Ils seraient obligés à travailler entre dix et douze heures par jour, sans avoir la moindre condition de vie, peu de nourriture, de mauvais traitements de la part des gardiens, des châtiments, des coups, un manque de soins médicaux, aucun contact avec la famille".

Le voyage – comme s’en souvient Fredes - dura 36 heures, ils ne mangèrent rien pendant tout le trajet. Quelques-uns arrivèrent à la localité qui serait le futur village captif de Sandino, dans la municipalité du même nom ; d’autres vers Briones Montoto, dans la municipalité de Pinar del Río; un troisième groupe alla à Ramón López Peña, dans la municipalité de San Cristóbal, tous dans la partie la plus occidentale du pays. Les autres furent envoyés à Miraflores, dans la province de Camagüey. Les voyages se succédèrent l’un après l’autre jusqu’à ce qu’il ne reste plus un seul paysan qui ne soit pas déplacé de son endroit d’origine.

Les familles apprendraient ces faits des mois après qu’ils soient survenus, bien qu’ils aient commencé à souffrir de leurs effets depuis le premier moment. A ce sujet, Fredes indique : "Apres deux ou trois mois nous avons eu officiellement des nouvelles de mon beau-père, mais le lendemain du transfert des fonctionnaires du gouvernement étaient venus aux autres fermes impliquées et il nous ont exproprié tous nos biens : terres, équipement, récoltes, animaux, comptes bancaires. Beaucoup furent expulsés de leurs maisons sans qu’il importe ce qui pourrait leur arriver à partir de ce moment là. La plus grande partie de ces familles furent accueillies par des amis ou de la famille. La mienne eut de la chance. Ils la laissèrent dans leur logement. L’Etat cubain ne s’est jamais occupé des femmes, des enfants et des vieillards qu’ils avaient délogés. On ne sait pas le nombre exact de familles qui ont été entraînées dans ce tourbillon d’intolérance gouvernementale. En réalité, on n’a pas publié les chiffres officiels mais on calcule entre 2.500 et trois mille les paysans qui furent exilés et emmenés vers ces quatre villages captifs. De manière que les victimes totales de cet holocauste pourraient monter à dix mille Cubains, pour arrondir les chiffres".

Les exilés ont mis une moyenne de deux ans et demie pour construire les premiers logements. A partir de 1973 commencèrent les déménagements des premières familles. Les derniers le feraient en 1985. Les détails de ces mouvements seront des thèmes à traiter dans la seconde partie de cet article.

Fredesvinda, connue sous le nom de Fredes, a déménagé en janvier 1977. Elle ne pouvait pas concevoir à ce moment là les pénuries qu’elle devrait supporter et les obstacles qu’elle devrait surmonter, non seulement elle mais aussi sa fille mineure qui l’avait accompagnée dans cette nouvelle aventure imposée par le régime de Castro.

Traduction: Genevieve Tejera

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