CUBANET

27 août, 2002



Riz "américain"

Manuel David Orrio, CPI

LA HAVANE, août (www.cubanet.org) - Bernarda González n’a pas attendu de recevoir sa modeste pension de retraitée des communications pour goûter ce que déjà à La Havane on appelle le riz "américain". La femme a demandé qu’on lui prête dix pesos pour acquérir le produit dans un établissement d’état qui vend à la population en pesos, parce qu’elle n’a pas de dollars pour de telles dépenses dans les dits magasins où l’on paie en devises.

Madame González, dont la retraite de 150 pesos par mois représente 5,76 dollars au change de la rue, a mis environ plus de six pour cent du montant de la pension qu’elle recevra en septembre pour obtenir deux livres et demie de riz venant des Etats-Unis d’Amérique. Comme elle, 14 pour cent de la population cubaine pourrait se sentir inspirée à faire ce sacrifice.

"Comme dit le refrain à un grand plaisir, un inconvénient'. Si le mois prochain je me vois encore avec moins de sous que maintenant, au moins j’aurais pu avoir le plaisir d’essayer un riz comme il y a de nombreuses années que je n’en ai pas mangé. Il est propre, blanc, dégréné. Hier j’ai regardé la télévision avec une tasse de riz entre les mains, arrosée avec le jus de la moitié d’un citron", a indiqué González.

Le riz "américain" est arrivé à La Havane à la suite d’un échange exceptionnel entre les Etats-Unis d’Amérique et Cuba, deux nations impliquées dans un différend de plus de quarante ans à cause duquel le gouvernement du premier applique au second une politique de sanctions économiques unilatérales, étant donné le caractère d’Etat post-totalitaire du second.

Malgré cela, Jean Paul II a qualifié ces sanctions d’éthiquement inacceptables, et en même temps cette politique est sévèrement critiquée par la législature des Etats-Unis, dont les votes récents dans le but d’approuver l’annulation partielle de celles-ci pourraient recevoir le veto du président George W. Bush.

Tandis qu’aux Etats-Unis d’Amérique a lieu un semblable conflit entre le législatif et l’exécutif, les fermiers américains producteurs de riz, de mais et autres produits continuent à faire pression. D’autres intérêts essaient de faire éliminer les restrictions pour voyager vers l’île ou envoyer de l’argent aux familles et amis. Pour sa part, Bush se présente comme fortement compromis avec le puissant lobby cubain de Floride, favorisant absolument le maintien et le renforcement des sanctions.

Mais à La Havane, des femmes comme Bernarda González font des prières pour pouvoir avoir accès de manière plus facile au riz "américain", tandis que d’autres se demandent, et non sans raison, pourquoi il faut que Cuba importe un produit que la vie a démontré qu’il peut être cultivé dans n’importe quel malheureux jardin du pays.

Selon des chiffres officiels, chaque année les Cubains arrivent à avoir plus de cent mille tonnes de riz cultivé exactement dans ces jardins, et de façon indépendante.

Si du côté américain on met en évidence les intérêts qui font tirer se les cheveux pour savoir quoi faire avec Cuba, du côté de ce qui fut appelé la Perle des Antilles la difficile situation économique et le simple désir cubain d’un rapprochement avec les Etats-Unis d’Amérique il semble que l’on mette sur la table des débats des affaires internes qui pourraient avoir pris le symbole de riz "américain". On le voit dans les magasins, dans des sacs où les initiales USA ne font pas oublier l’inefficacité scandaleuse de l’agriculture cubaine, prisonnière d’une politique économique d’état qui oblige la population à dépenser la moitié du budget de ses familles pour acheter des aliments, selon les données de l’Institut National d’Investigations Economiques de Cuba.

L’île, avant le triomphe de Fidel Castro en 1959, en est arrivée à importer des Etats Unis d’Amérique quelques 250 mille tonnes de riz par an, pour une population d’environ six millions. Maintenant, avec presque le double d’habitants, et cela étant la céréale la plus consommée par les humains dans le pays, il ne fait aucun doute que les fermiers américains ont commencé à se frotter les mains, puisqu’ils savent bien que, pour le moment, ils n’aient pas de concurrence à l’intérieur de Cuba.

Pendant ce temps, Bernarda González s’est mise d’accord avec plusieurs amies, également à la retraite, pour s’offrir un dîner de riz au poulet. Evidemment, le poulet sera aussi "américain".

Traduction: Genevieve Tejera

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