CUBANET

30 avril, 2002


Il n'y a plus de PAN de (PRI)quitos


Manuel Vázquez Portal, Grupo de Trabajo Decoro

LA HAVANE, avril (www.cubanet.org) - Le gouvernement ? de Fidel Castro avait joui pendant de très nombreuses années de l'amitié et du soutien des gouvernements mexicains. Le PRI comme parti gouvernant pendant une période très longue avait avec le vieux "caudillo" une relation de complaisance, disons-nous, un peu de parrainage tolérant qui allait bien avec les prétentions du leader de l'île. Avec l'arrivée du PAN à la plus haute hiérarchie mexicaine les choses paraissent avoir fait volte face et les relations sont devenues tendues, difficiles entre les deux nations.

Ce qu'a indiqué le ministre des affaires étrangères mexicain Jorge Castañeda - qui ne parait pas très disposé à ce que le Mexique continue à sortir les châtaignes du feu à Cuba - et qui semblait cryptique, énigmatique aux autorités cubaines, n'était pas une devinette. Sa clarté était de midi. Seulement les oreilles officielles cubaines souffrent de surdité lorsque ce ne sont pas des éloges et du respect qu'ils écoutent.

Monsieur Castañeda a indiqué : "Les relations du Mexique avec la révolution cubaine n'existent plus et elles ont commencé avec la République de Cuba"... Et c'est que pour le ministre mexicain, comme pour n'importe quel homme de pensée ouverte, démocratique, un pays, une nation, une république est beaucoup plus qu'une doctrine, un parti au pouvoir, une révolution qui, au moyen des armes, a pris possession de toutes les structures du pouvoir. José Martí, dans une lettre dirigée au général Máximo Gómez, déjà l'avait indiqué : "Général, un pays ne se fonde pas comme on commande dans une caserne". Mais il semble que les "martianissimes" communistes cubains ont oublié un message aussi clair et civil que celui de l'Apôtre.

Cuba n'est pas, ni doit continuer à être, uniquement une révolution que Fidel Castro a escamoté à un peuple qui a lutté avec bravoure et virilité pour rétablir la Constitution violée par le coup militaire du 10 mars 1952, et que plus tard il convertissait en dictature totalitaire. Cuba est une République avec beaucoup d'histoire accumulée, jalonnée de sacrifice, d'altruisme, de générosité et de valeur de ses nobles fondateurs ; une histoire qui a été tergiversée par ceux qui prétendent démontrer que la république a seulement été possible après 1959. Et c'est comme République historique, avec toute sa pluralité, qu'elle doit être traitée. A cette République se référait monsieur Castañeda.

A Cuba il existe un énorme exil qui n'est pas d'accord – soit économiquement, soit politiquement - avec la république qu'impose Fidel Castro ; à Cuba il existe une presse indépendante qui met à nu et fustige la république qu'impose Fidel Castro. Jusqu'à quand voulait Fidel Castro que les gouvernements du monde ne reconnaissent pas cette pluralité que toute vraie république demande, plus de quatre décennies ne semblent pas excessives ? C'est cette république qu'invoquait Castañeda.

Mais l'autoritarisme cubain veut allonger son bras au-delà de la nation et imposer son modèle de république à des nations et gouvernants d'autres latitudes. Il n'accepte pas qu'il existe une pensée différente de la sienne. Telle est la mégalomanie qui seulement accepte des applaudissements. Il ne lui suffit pas d'écraser, de taire toute opposition interne, contre tous les préceptes démocratiques, mais il veut aussi faire taire toute voix internationale qui demande la raison.

A partir de ces mots de Jorge Castañeda, qui a déjà été décrié avec des adjectifs malpropres, s'est déchaîné, de la part du gouvernement cubain, une turbulence de grandes proportions qui a atteint son point culminant avec la déclaration de Fidel Castro dans l'après-midi du 22 avril face à la presse nationale et étrangère.

Le mandataire cubain, dans un exposé très long, a prétendu donner des leçons d'honorabilité et de bonne conduite politique au gouvernement mexicain. Il a utilisé pour cela des ressources plus policières que diplomatiques, et selon moi, précisément là s'est fracturé de façon impudique, sans la moindre pudeur, l'honorabilité immaculée de la déclaration elle-même. Etait-il nécessaire de publier une conversation privée de caractère amical et conciliatoire pour intérêt mutuel tenue entre deux présidents qui essaient de coopérer pour solutionner une situation internationale scabreuse ? Au nom de l'honorabilité je ne le crois pas. Je pense plutôt que cette conversation, gardée jalousement, a été utilisée comme carte à jouer. Si elle n'a pas été publiée avant ce fut parce que le gouvernement cubain espérait que le Mexique s'abstienne de voter pour la résolution présentée par l'Uruguay devant la Commission des Droits de l'Homme des Nations Unies. Devant la posture mexicaine, la conversation a été publiée.

Cette attitude du gouvernant cubain m'apporte beaucoup de points d'interrogation. Prouve-t-on ainsi que les droits de l'homme ne sont pas violés à Cuba quand à ce niveau hiérarchique on ne respecte même pas ce qui est privé ? FOX: "...D'ABORD, AVANT TOUT, JE VOUDRAIS TE DIRE QUE CETTE CONVERSATION EST PRIVEE, ENTRE TOI ET MOI, D'ACCORD ?. FIDEL: "OUI, D'ACCORD". Il n'y a pas besoin de commentaires. Les relations internationales s'amélioreront ainsi, ces relations Cuba, en ce moment, en a tant besoin ? Si le Mexique n'a pas permis qu'on lui fasse pression par des preuves supposées d'affaires tourbes de la part des autorités mexicaines lors du Sommet de Monterrey, comment les Etats-Unis arrivent à faire pression sur les autres gouvernements du monde ? Des nations comme la France, l'Espagne, la Grande Bretagne, l'Allemagne dépendent-elles économiquement des Etats-Unis ? Nations qui ont aussi soutenu avec leur vote la motion présentée par l'Uruguay ?

Permettez moi la paraphrase d'une expression très créole qui s'utilise dans ces cas : "Maintenant oui s'est terminé le PAN de PRIquitos". Quel autre président au monde commettrait l'imprudence de parler amicalement avec Fidel Castro, en sachant que sa conversation va être enregistrée et, plus tard, à la moindre brouille, utilisée contre lui ? Quel étrange sens d'honorabilité et d'amitié !

PS – Le 23 avril, après six heures du soir, on a fait connaître la déclaration du porte-parole de la présidence mexicaine, et le président cubain de nouveau s'en est pris avec deux heures de discours. L'affaire, du coté cubain, en est restée seulement sur s'il était étique ou non de publier la conversation. Mais cela, à ma façon de voir les choses, n'est pas le Cœur du dilemme, mais l'utilisation qu'a fait Cuba de la conversation avant qu'elle ne soit divulguée, et cela n'est pas un problème seulement d'étique.

Traduction: Genevieve Tejera

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