CUBANET

30 avril, 2002


Les courants de la corruption à Cuba (I)


Armando Soler

LA HABANA, avril (www.cubanet.org) -

- Mon ami, tu as besoin d’un formulaire ? Je peux te l’avoir pour cinq dollars. Des timbres fiscaux ? Il n’y a pas de problème, je vous les vends avec le reçu bancaire.

C’est ce que m’a proposé un jeune, souriant, tandis que la queue du matin allait en grandissant dans le jardin situé en face des annexes du Département d’Immigration, Émigration et Affaires Étrangères, dans le quartier populaire de Santos Suárez, dans la ville de La Havane.

Le document auquel se rapporte ce "commerçant" se trouve en possession du département du Ministère de l’Intérieur mentionné. Les sceaux du timbre et le reçu bancaire sont dans les mains exclusives de la banque d’état.

D’autres jeunes tournent autour de l’endroit avec la même proposition à ceux qui arrivent. J’ai pu vérifier que ce sont les mêmes pendant plusieurs jours. Le fait que l’on puisse faire cette "affaire" de façon décontractée sous le nez d’un organisme célèbre pour le contrôle qu’il exerce sur le citoyen, est suspect. Surtout lorsque le troc se fait en dollars.

Le marché noir de documents officiels est un aspect du monde souterrain de l’Ile. La société semble se déplacer avec fluidité parmi le trafic illégal d’influences et de marchandises.

On connaît les innombrables entraves dont souffre quotidiennement le citoyen cubain. Ils sont accablants pour celui qui essaie d’émigrer. Ils sont régis par les institutions comme l’Institut du Logement, le ministère de la Santé Publique, le ministère de la Justice. Tous participent au même schéma gouvernemental pour contrôler le peu de biens personnels que possède le citoyen, y compris lui-même. Le réseau de vente d’influences pour arriver à un procédé rapide et sûr sur le long chemin de l’émigration a de nombreuses facettes. Ce peut être la vente d’un certificat de casier judiciaire, un "cadeau" pour que le dossier du logement soit libéré rapidement ou une radio de rayons X fausse pour le certificat médical pour une affaire bon marché.

Cette tendance à l’illégalité pullule aussi parmi les personnes âgées, porteurs supposés de l’idéologie vétuste de 59. Nous pouvons les trouver qui vendent des cigarettes au détail ou des boissons des "shoping". On les voit perplexes ou perdus. Tout a changé avec le dollar dans la rue. Les jeunes n’y font pas grand cas. Ils sont avides du vert.

Joaquín, employé dans un magasin de vente en devises, n’échappe pas non pus à cette avidité. Jour après jour il achète légalement dix caisses de bière dans un magasin de récupération de devises à 75 cents de dollar. Il les emporte à son travail et là, mélangées avec celles de l’état, il les vend à 85.

- Imagines-toi – m’assure Joaquín, satisfait. Je récupère la dépense et j’ai un bénéfice de 25 dollars par jour. Écoutes, pourvu que cela dure assez longtemps !

De nombreuses personnes cherchent à travailler dans des zones où circule le dollar. Le bénéfice s’obtient très rapidement et l’illégalité disparaît dans le remue-ménage vertigineux de la consommation. Mais ces places ne sont pas abondantes. L’espace octroyé à l’économie de marché est très étroit. De nombreuses places sont vendues à des prix très élevés. Même ainsi, il n’y a pas assez de places. Les personnes qui ont envie de ces bénéfices sont nombreuses. Et elles explorent d’autres marchés.

Yoyi est un boulanger de 21 ans. Entouré de poussière de farine, il a aux pieds des tennis de 80 dollars. Son salaire officiel est de 240 pesos par mois. Il m’assure :

- Dans la journée nous vendons le pain de l’état, le soir le nôtre. De cette façon je gagne de 200 à 300 pesos par jour.

Chaque livre de pain qui se vend coûte au consommateur 10 pesos, l’équivalent du salaire quotidien d’un professionnel. C’est un clair exemple du crime organisé, si nous acceptons la définition comme celle d’un groupe d’individus qui s’unissent pour commettre des délits de manière systématique, organisés hiérarchiquement, et pour comble, en utilisant les ressources d’état.

Traduction: Genevieve Tejera

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