CUBANET

6 juin, 2002



Commentaires sur La Havane


Ramón Díaz-Marzo

VIEILLE HAVANE, mai (www.cubanet.org) - Dernièrement, parcourir la capitale havanaise, spécifiquement le centre commercial qui comprend les rues de San Rafael, Galiano, Neptuno, Reina, et Monte, est déprimant.

Il ne s’agit déjà plus de quelques commerces en franche détérioration, mais des habitants d’une capitale qui a l’aspect de ville bombardée. Quelques personnes ont embrassé la bouteille d’alcool comme l’unique sortie de secours à la détérioration. Ils ont des barbes vieilles de plusieurs mois, peut-être d’années. Ils ont du mal à se laver le corps en prenant un bain et se promènent sales et déguenillés.

J’ai parlé avec certains d’entre eux et un de ceux-ci m’a dit :

- En supposant qu’à Cuba il y ait des changements. OK. Mais moi se serais trop vieux pour recommencer.

- Et Dieu ? – je leur ai demandé.

- Quand il n’y a pas d’argent et on peut à peine trouver un plat de nourriture la personne dont on se souvient le moins c’est Dieu. Laissons l’hypocrisie de certains de côté. En ce moment mon seul Dieu, pour ne pas devenir fou, c’est une bouteille de rhum.

De nombreux d’entre eux ont travaillé toute leur vie, ils ont fait confiance à la Révolution pour avoir une vieillesse digne, et maintenant la retraite qu’ils reçoivent de l’Etat n’arrive pas à les faire vivre.

- On nous a trompés, - me confesse un vieux noir. Avant la Révolution il y eut une époque pendant laquelle on ne payait pas leur pension aux retraités, parce que le personnel de la poste de ces temps là ne recevait pas sa paie, et pour survivre ils volaient l’argent des vieux. Maintenant tous les mois nous recevons notre retraite, mais avec une monnaie dévaluée. A quoi ça nous sert ? Rien ; être pauvre à n’importe quelle époque et endroit c’est un emmerdement.

Dans notre parcours nous passons entre l’ancien "Diario de la Marina" et le Capitole National. Nous traversons le centre du Parc de la Fraternité, où se trouve l’endroit avec de la terre de toutes les nations d’Amérique (toute cette terre a été changée plusieurs fois), et nous arrivons à la rue de Monte.

Notre intention était de descendre par Monte jusqu’aux Quatre Chemins. Malgré cela, quand nous passions par Monte #362 nous avons du nous arrêter. Les compatriotes de l’exil devront se rappeler l’Hôtel Flor de Cuba, et qu’à côté se trouvait le Bar-Restaurant California, tous les deux fondés en 1912. Il n’est pas nécessaire de dire que l’entrée del’Hôtel Flor de Cuba ressemble à la gueule d’un loup qui ne s’est jamais lavé les dents. Je veux dire que cette Fleur (flor) non seulement s’est fanée, mais qu’elle s’est convertie en une chose sinistre qu’à La Havane on connaît comme "endroit de mauvaise mort". Ce que j’ai continué à regarder, bien que je vive ici, m’a épouvanté. Ce qui avant était le California est maintenant un espace obscur, le sol est couvert d’une couche d’eau putréfiée. Et alors je me suis demandé : Où sont donc les Brigades Spéciales qui dans des mois antérieurs combattaient le moustique Aedes aegyti ?

Je me suis retourné vers le trottoir d’en face où autrefois se trouvait un magasin appelé La Honradez, correspondant à Monte #357, et j’ai vu seulement un espace vide occupé par de petites tentes en plastique (on les monte et démonte en 24 heures) d’état qui vendent différents objets en dollars. Objets qui ne sont pas très différents de ceux que vendent les vendeurs ambulants qui sont quelquefois poursuivis par la police et en d’autres occasions tolérés.

Me trouvant déjà sur le trottoir d’en face j’ai pu lire sur le sol du porche, à côté de La Honradez, ce qui fut un autre magasin : The Stadium 83. Là aussi on avait placé un petit stand d’état pour vendre des bagatelles en dollars.

Avec mon carnet de notes j’ai continué à me déplacer et j’ai lu sur le sol du trottoir : "Washington", également converti en stand d’état qui vend des articles de pacotille en dollars. Et en arrivant au coin de la rue qui naît à Monte et se termine contre la gare des chemins de fer, Revillagigedo, j’ai trouvé un magasin qui au siècle dernier je me souviens était une quincaillerie. Cette fois le trottoir n’avait pas le nom commercial, mais sur la vitre de la porte on lit "La Corona". Il s’agit d’un local habilité par l’Etat avec climatisation pour vendre des meubles à un prix exorbitant.

Tous ces restes de magasins de l’époque capitaliste sont ceux qui se trouvent en face du Bar-Restaurant "California" infect. Nous espérons que cette chronique ne vous affecte pas beaucoup ; spécialement les gens de la vieille garde havanaise qui maintenant vivent en exil.

Traduction: Genevieve Tejera

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