CUBANET

17 juin, 2002



La marche de l’immobilisme


Manuel David Orrio, CPI

LA HAVANE, juin (www.cubanet.org) - Pendant cette période historique étrange vécue à Cuba, appelée par ce journaliste l’ère du hachis de soja, il peut arriver que la signification d’une action représente en réalité tout le contraire.

Par exemple, un mouvement est suggéré par une marche nationale comme celle effectuée le 12 juin, pendant laquelle des millions de compatriotes ont défilé par tout le pays pour soutenir l’ordre constitutionnel en vigueur et ainsi répondre aux discours prononcés par le président américain le 20 mai dernier, dans lesquels il a ratifié la politique de son pays envers le gouvernement de Fidel Castro et l’a conditionnée une fois de plus à des changements à l’intérieur de l’île pour avancer vers un régime démocratique avec des normes internationalement acceptées.

D’abord, il serait très intéressant de demander à ces marcheurs combien d’entre eux ont lu la Constitution qu’ils disent défendre. Bien que ce soit par curiosité, parce que quelques enquêtes explosives citées par le juriste décédé Hugo Chinea ont démontré que les deux tiers des personnes interrogées ne savaient pas que ce texte est la loi principale du pays ; parmi eux 44 pour cent étant d’une catégorie de dirigeant dans leur travail.

Evidemment, de si petits détails n’empêchent pas d’accepter que la marche d’idiots de service indique le mouvement, surtout pour le fait physique. Mais en honneur aux paradoxes de l’époque actuelle cubaine, l’immense défilé contraste, parce que si dans sa marche de petits drapeaux vers le ciel, il fait penser à la mobilité, ce qui est intrinsèque dans son message c’est de communiquer l’immobilisme tenace. Cela est indiqué bien clairement par ce que ce que l’on appelle les organisations de masses qui proposent au parlement cubain une initiative de modification de la constitution où l’on rend manifeste le désir de "consigner expressément la volonté du peuple que le régime économique, politique et social consacré dans la Constitution de la République est intouchable".

Je ne sais pas si un penseur de la militance fidéliste a palpé le genre de corde qu’il est en train de s’attacher au cou, en considérant comment change le monde actuel et l’immense danger présent dans le mot "intouchable", même pour les castristes en corps et en âme.

La marche, l’énorme marche qui semble avaler la proposition signalée, semble comme un recours qui pourrait ouvrir les portes à la dérogation ou la castration de l’article 137 de la Constitution cubaine en vigueur, qui stipule le droit à la réforme de la loi des lois avec un caractère total ou partiel et établit le procédé pour le faire. L’eau n’est pas plus claire : ce que le gouvernement de Fidel Castro semble chercher c’est d’entraver définitivement le droit du citoyen d’introduire des changements constitutionnels pour exercer une souveraineté populaire ‘chiche’ qui consacre par ce texte, en réalité assez altérée par un ensemble de lois qui sont ouvertement et de manière fragrante inconstitutionnelles, allégrement approuvées par ce parlement auquel on demande maintenant qu’il rende "intouchable" ce qu’il a "touché" avec autant d’allégresse.

Marx, Engels et Lénine doivent avoir les mains sur la tête devant cette interprétation caribéenne de la dictature du prolétariat.

Evidemment, il n’y a aucun doute que l’invité principal à la marche de l’immobilisme est le Projet Varela, avec tout et ce qu’il y a de critiquable. Ses plus de 11 mille cubains ajoutés à cela résonne dans les oreilles du pouvoir de l’île avec plus de tonnerre que l’artillerie de Staline devant les portes de Berlin en 1945. Cela est un fait, et les faits sont tenaces, bien que pour le moment le résultat du projet d’idiots de service est celui de tant de crispation gouvernementale, avec une grande peur que les citoyens se réveillent, ce qui pourrait bien venir non pas des phrases des dissidents mais de l’intérieur des structures du pouvoir, peut-être déjà préoccupées de l’entêtement d’un autre fait : la marche du 12 juin pourrait avoir coûté environ 75 millions de pesos du produit interne brut aux prix de 2000, si on fait des calculs élémentaires sur la base des chiffres officiels.

Dans les pays civilisés un tel gaspillage se justifie seulement quand la société proteste. Non pas quand on suppose qu’elle soutient ce qui déjà existe. Pour cela j’affirme que, parmi d’autres aspects, la marche de l’immobilisme démontre que dans cette Cuba d’une époque historique bizarre la signification à attendre d’une action peut représenter exactement le contraire. Je ne sais pas si cela se doit à l’empreinte du soleil des caraïbes et aux mulâtresses voluptueuses qui caractérisent cette terre. Mais que cela arrive, cela arrive.

Traduction: Genevieve Tejera

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