CUBANET

16 mai, 2002



La vérité nue : la visite de Carter et le Projet Varela


Reinaldo Cosano Alén

LA HAVANE, mai (www.cubanet.org) - Deux faits simultanés viennent d’avoir lieu, sans doute, liés entre eux : l’arrivée à Cuba de l’ex-président des Etats Unis d’Amérique, James Carter, et la présentation précipitée à l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire des signatures du Projet Varela.

Les dix mille signatures (et même un petit peu plus, comme pourboire politique) arrachées sans contretemps majeur parmi les onze millions de compatriotes dans un projet relancé il y a environ quatre ans, sera sûrement présenté au trente-neuvième président des Etats Unis d’Amérique (1979-81) comme la formule salvatrice pour Cuba de la tyrannie castriste, avec la prétention en rien ingénue de demander à l’Assemblée Nationale (copie fidèle de Castro) qu’elle fasse la faveur de permettre un plébiscite démocratique et limpide, avec lui à la tête, le plus grand truc arrangé dont se souvienne l’histoire (je ne sais pas si de Cuba ou du monde) pour qu’il décide s’il reste pour gouverner ou s’il abandonne le pouvoir, quand il a déjà été plus que prouvé que le peuple cubain ne le veut pas.

Un referendum auquel on sait qu’il ne consentira pas, et veuille Dieu qu’il n’y consente pas !, parce que le seul candidat, le grand manipulateur avec le contrôle du plébiscite du haut en bas, y compris des collèges électoraux et des tables, il resterait éternellement "démocratiquement" au pouvoir qu’il ne veut d’aucune manière abandonner, comme s’il était un prédestiné.

Mais, pourquoi prétendre oublier que ce Castro est le même qui en son moment, dans son temps, a conseillé au président sandiniste de Nicaragua, Daniel Ortega, qu’il ne commette pas la stupidité de s’exposer à la décision souveraine du peuple au moyen d’élections libres et démocratiques ?

La documentation (les signatures) du Projet Varela vient d’être apportée à un fonctionnaire de dernier rang (quel hasard !) le dernier jour ouvrable de la semaine, en vitesse. Et quoi ? Bien comme a dit le co-auteur du document La Patrie appartient à Tous, Martha Beatriz Roque Cabello, "il n’y a rien eu qui indique que le ProJet Varela puisse être viable". Pour cela, précisément, surgissent nos doutes et notre conviction que le projet n’est pas praticable, les mêmes doutes d’un secteur majoritaire de l’opposition cubaine en ce qu’il faut avoir présent à l’esprit l’usure, frustrante, de ressources et d’espérances.

La présentation des signatures au moment exact de la visite de Carter devrait se comprendre comme un bon jeu tactique qui obligerait à traiter le sujet avec l’ex président des Etats Unis, à qui on fera croire que c’est la seule proposition valide que défend l’opposition, et de même penseront de nombreuses personnes qui composent l’opinion publique internationale et sans doute même quelques gouvernants.

Sur ce sujet en particulier je préfère emprunter ces mots de madame Roque Cabello, dites précisément devant des sénateurs des Etats-Unis qui ont aussi visité Cuba :

"J’ai du clarifier aux sénateurs que je ne crois pas en la Constitution actuelle ni en les lois en vigueur. Parce que si en plus d’écouter ce que le gouvernement leur dit, nous qui nous opposons au système nous leur transmettons l’idée qu’ici tout fonctionne bien, qu’ici nous pouvons faire un referendum pour changer le pays, alors ils diront : De quoi se plaignent-ils ? Mais en plus dans leurs rapports sur le voyage, sur ce qu’ils doivent faire au Sénat, ils exposeront que la politique actuelle américaine n’est pas nécessaire, qu’ici nous pensons arriver à la démocratie avec dix mille signatures et un referendum. Comment se verra l’exil ? quelle opinion auront d’eux les membres du congrès et les sénateurs qui font du lobby en faveur du changement à Cuba ? Même les organisations qui là-bas se projettent pour aider la transition perdraient leur temps, il faudrait seulement attendre que Fidel Castro accepte cet appel au changement".

Dans ce même sens une autre question inquiétante préoccupe les secteurs majoritaires de l’opposition, qui ne sont pas exactement ni nécessairement les signataires du Varela, dans le fait qu’il pourrait y avoir une autre grande erreur : Quelle vision apporteront à Carter les dissidents privilégiés (toujours les mêmes modérés et ceux qui s’accommodent) qui parleront avec lui de thèmes aussi vitaux que l’embargo ? Parce que même parmi les signataires du Projet Varela il y en a pour et contre la suppression de l’embargo.

Il est nécessaire que Carter n’emporte pas une idée dénaturée de la réalité cubaine, de son opposition au système castriste. Comme on le sait, de nombreuses personnes ici et là-bas ont joué tout leur "argent" sur un cheval perdant, parce qu’il n’a jamais gagné de course, et il semble nécessaire de reprendre ces mots de Roque Cabello: "Jusqu’à quand le Projet Varela perturbera la transmission des vraies nécessités de notre peuple à ceux qui nous rendent visite ? Cinq ans sans fruits sont plus que suffisants pour que l’on reconnaisse que ce n’est pas le chemin pour apporter un remède à nos problèmes. La gauche, à l’intérieur de l’opposition, n’est pas majoritaire, et pour cette raison ne peut pas guider notre avenir".

Le Projet Varela n’est pas la sortie pour les problèmes de Cuba. Il n’est pas non plus possible. L’article cinq de la Constitution de la République (la même sur laquelle s’appuient les varelistes) laisse bien clair, comme une barrière immobile, que le Parti Communiste est la force dirigeante supérieure de toute la société ; pendant que d’autres articles de la même Constitution de fabrication castriste indique qu’il ne pourra se présenter aucun genre de projet ou de loi qui mutile les fondements du régime. Et pour si c’était peu (et que personne ne fasse l’imbécile) on sait bien que la loi organique de l’Assemblée Nationale du mal appelé Pouvoir Populaire établit de manière concluante que n’importe quelle proposition qui est amenée à ce pseudo parlement, toutes les signatures pour qu’elles soient valides doivent être authentifiées par un Notaire Public.

Pourquoi tant de tromperie ? Pourquoi duper le peuple cubain qui souffre sur cette rive et sur l’autre avec ces recettes irréalisables ?

Déjà il a fallu re-qualifier la quantité de signatures fausses avec une grande dépense de temps, de ressources et de frustrations. Que se passera-t-il si l’Assemblée Nationale détecte, parce que c’est possible, de nouvelles fausses signatures ? Il faudra les réviser toutes de nouveau ? Et ce n’est pas une question stupide.

Cela veut dire alors que les chemins sont fermés ?, qu’il faut se croiser les bras ? Jamais ! Il y a d’autres voies qu’il serait bon que notre illustre hôte connaisse, lequel nous invitons à s’intéresser pour le spectre alternatif complet.

Le pouvoir ne se mendie pas, il faut l’arracher ! avec des actes civiques, énergiques, ils doivent être pacifiques, en faisant face, en gagnant des espaces en faisant des activités concrètes et des associations qui suscitent la société civile parallèle, de dénonciation des violations des droits de l’homme, rien de cela n’est mentionné dans le Projet Varela et au contraire conduisent au silence des organisations dédiées au ramassage des signatures. Ces actions contestataires, distingué monsieur Carter, sont celles qui importunent et préoccupent le sommet gouvernemental intolérant parce qu’elles conduisent à la dénonciation interne et externe de ses abus et des misères de Cuba et forment le dossier que chaque année on sort à Genève comme violateur habituel des droits de l’homme et la condamnation qui en résulte.

Pour suivre cette ligne face au régime (non pour signer ni pour ramasser des signatures pour le Projet Varela) vingt-six concitoyens détenus attendent d’être condamnés à de longues années de prison, incarcérés dans la dernière et démesurée vague répressive. Parmi eux l’avocat aveugle, président d’une organisation promotrice des droits de l’homme et de la vie civile, Juan Carlos González Leiva, et aussi le leader du Mouvement des Droits de l’Homme 24 de Febrero, Leonardo Bruzón Avila, arrêté en sortant d’une église.

A l’intérieur de l’opposition cubaine existent des projets réalistes pour en finir avec le régime, pour réanimer l’activisme politique anticastriste, comme l’est la Plate-forme de Résistance Civique de l’Opposition, qui comprend la structuration d’un Comité de Représentation Opposant National, dans lequel sont représentées les tendances variées à l’intérieur du spectre contestataire avec accès aux visiteurs illustres et tous ceux qui veulent être bien informés de la réalité cubaine alternative et non, comme jusqu’à présent, pour qu’ils rentrent à leurs pays, en général, avec une idée erronée ou incomplète de la réalité cubaine. Au lieu de s’orienter, ils sont désorientés. C’est ce que l’on craint qu’il arrive maintenant avec Carter.

Il y a aussi d’autres propositions comme celles présentées par Roque Cabello, dont le titre s’explique lui-même : Assemblée pour promouvoir la societé civile à Cuba.

Evidemment, le thème est beaucoup plus vaste. Cela est pour un autre moment. Pour conclure ces mots de Václac Havel me semblent intéressants : "Les malentendus seulement peuvent etre evités d’une facon : en disant clairement, avant d’utiliser le mot opposition, en quel sens il est utilisé et qu’entend-on par lui dans notre société".

Traduction: Genevieve Tejera

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