"Ici oui
on a fait du terrorisme", assure un ex membre du M-26-7
José Antonio Fornaris, Cuba-Verdad
LA HAVANE, mai (www.cubanet.org) - Dans une maison dArtemisa, village
doù sont partis de nombreux assaillants de la caserne Moncada en
1953, Domingo René García Collazo parle de son époque de révolutionnaire
depuis sa chaise roulante à laquelle il est cloué depuis des décennies,
lorsquune bombe a explosé dans ses mains.
"Nous avions divers travaux à faire, ordonnés par lorganisation
depuis La Havane (il se rapporte au Mouvement 26 Juillet de Fidel Castro, connu
par les initiales M-26-7). Nous mettions des bombes, nous brûlions la
canne à sucre et (nous faisons) dautres genres de sabotage. Cétait
du terrorisme. Sur tout le circuit Nord (province de Pinar del Río) nous
avions cette façon dopérer avec Action et Sabotage. Monsieur
Fidel Castro dit quici on na pas fait de terrorisme, mais si ici on
a fait du terrorisme".
Vous souvenez-vous de combien dactes de ce genre vous avez participé
?
"Plusieurs. Pour de nombreux autres membres dAction et Sabotage
moi je préparais les bombes, je les leur faisais. Quand on allait faire
un 'travail' dans un village, dans des théâtres, dans des fêtes
... on donnait une bombe à deux membres dans un sac en papier pour quils
les mettent dans les toilettes ... mais on essayait toujours déviter
quils commentent un crime, quil y ait des morts".
Mais cela pouvait arriver, comme il est arrivé que des innocents
meurent.
"Oui, évidemment. Dans toutes ces choses, il était normal
que cela allait arriver. Cela mest arrivé à moi. Lorsque je
suis aller mettre les bombes qui me restaient, jen ai mis sept dabord
et il men restait deux, il y en avait neuf.."
Quel jour, à quel moment cela est-il arrivé ?
"Oui, vois-tu, lorsque je suis allé mettre les bombes qui me
restaient, qui étaient pour endommager les maisons de lusine La
Calera, lusine de ciment et celle du frère de Manuel Pérez
Galán, il y avait une petite fille à la porte dune des
maisons et jai dit au chauffeur de la 'jeep' quil fasse le tour
pour attendre que la petite sen aille, parce que sil mettait la
bombe la petite allait mourir. Lendommagement nous allions le faire dans
un couloir entre les deux maisons, pour que les bombes fassent tomber les murs.
Mais, et bien... quand nous avons fait le tour, la bombe devait exploser à
neuf heures du soir, il était neuf heures exactement et la bombe ma
touché. Elle ma démoli les deux jambes, on na pas pu
en sauver une, et la main gauche.
Vous vous souvenez de la date exacte ?
"Oui, le 12 juin 1957".
Quel âge aviez-vous à ce moment là ?
"Javais 26 ans. Je suis né en 1930. Il y avait un mois que
je métais marié".
Et quest-il arrivé ensuite ?
"Jai été prisonnier à Pinar del Río.
Jétais bien tout le temps, parce que jai toujours été
avec des prisonniers politiques. Ensuite ils mont fait un procès.
Ils ont demandé 17 ans et men ont donné 14. Ensuite est
venue une liberté conditionnelle".
Nous pourrions dire que peu de temps après Fidel Castro est arrivé
au pouvoir et vous, en quelque mesure, vous avez commencé à faire
partie de ce gouvernement, ce fut ainsi ?
"Et bien, Castro est venu (à Artemisa) le 17 janvier 1959, il a
parlé avec un capitaine adjudant que javais dans la caserne, il lui
a dit que je passe dans le parc, quil voulait parler avec moi. Jai
pu entrer dans le parc, les camarades mont emmené. Il ma
embrassé et, devant le peuple, il a annoncé quil me donnait
un grade immédiatement, qui était de commandant (le grade le plus
haut de larmée rebelle). Ce jour là il ma nommé
second chef du régiment de Pinar del Río. Escalona (Juan) était
le chef du régiment".
Quelles étaient vos idées politiques quand vous avez commencé
à lutter contre le gouvernement de Fulgencio Batista ?
"Mois je navais aucune idée politique. Mon père
avait des camions. Moi javais cinq camions. Jai été
agent de trois agences de boissons gazeuses (soda), parmi elles lOrange
Crush et la Royal Crown Cola, qui étaient des sociétés américaines.
La politique ne mintéressait pas du tout".
Pour ce que vous racontez, je pense que vous étiez lun des
chefs du M-26-7 à Artemisa ?
"Oui, moi jétais lun des chefs".
Saviez-vous ce quétait le communisme à cette époque,
vous sympathisiez avec le communisme ?
"Non, je ne savais pas ce quétait le communisme ni ce quétait
le socialisme. Ce genre de système ne ma jamais intéressé.
Moi jaspirais à une démocratie. Pour cela jai lutté,
pour vivre en démocratie, pour vivre en liberté".
Plus de 40 ans après avoir appartenu au Groupe dAction et
Sabotage du Mouvement 26 Juillet, avoir construit des appareils explosifs et
avoir placé de nombreux dentre eux dans différents endroits,
croyez-vous que le terrorisme est une méthode valide de lutte ?
"Non, ce fut une erreur. Je considère que ce ne devrait jamais
avoir été fait. Bien quici on dise que lon na
pas utilisé le terrorisme, cette révolution sest faite basée
sur le terrorisme. Moi jai ma propre expérience, je peux te le démontrer...
je suis en train de te le démontrer. Mon état physique, comme je
suis resté..., déprimant. Cela, le terrorisme, je le déteste
complètement".
Lhomme fait une pause et confirme : "Je ne crois pas que le
terrorisme conduise un gouvernement à quelque chose. Ici on dit quil
ny a pas eu de terrorisme mais si, ici on a fait cette révolution
basée sur le terrorisme".
Traduction: Genevieve Tejera
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