CUBANET

17 septembre, 2002



L’étrange cas des maîtres émergents

Manuel David Orrio, CPI

LA HAVANE, septembre (www.cubanet.org) - La mère de Yanadelis Echevarría Suárez, élève de huit ans dans l’école Lidia Doce, située dans la municipalité de la capitale Playa, en révisant les cahiers scolaires de sa fille a découvert que la maîtresse de la petite ne connaît pas les règles de base de l’orthographe.

Avec 14 autres enfants, la fille de Regla Suárez étudie dans une salle de classe née d’un ample programme de constructions et de réparations d’écoles havanaises impulsé par Fidel Castro en personne tout au long de l’été qui vient de terminer.

Les parents des élèves ont commencé à nommer ces salles de classe avec une image qui définit leur taille: "boites à chaussures". Et à voix basse, comme si elles tramaient une conversation, ils se donnent des conseils les uns aux autres pour faire bien attention aux erreurs des maîtres comme celle qui a correspondu à Yanadelis, puisque la formation pédagogique de ces professeurs se réduit aux cours émergents qui leur ont été donnés par des pédagogues gouvernementaux afin de palier le sérieux déficit d’éducateurs face aux classes qui existent à Cuba.

Salles de classe lilliputiennes, maîtres émergents (comme on les appelle) paraissent être les clés principales de la situation actuelle de l’instruction publique cubaine. Elles sont restées loin les déclarations orgueilleuses gouvernementales, qui insistent toujours sur le fait que Cuba est le pays avec le plus haut taux de maîtres par tête dans le monde. Il ne faut pas en douter. Mais en jugeant par les nouvelles ils sont dans n’importe quel endroit sauf devant les élèves. De là les émergents, en leur majorité des personnes jeunes et avec des frustrations scolaires, qui ont attrapé au vol l’occasion de l’emploi et même la possibilité d’atteindre un diplôme universitaire après quelques années.

Pendant ce temps, des enfants comme Yanadelis devraient être surveillés avec soin par leurs parents pour qu’il ne puisse en arriver qu’après quelques années ceux-ci ne deviennent les assassins de l’orthographe.

La presse nationale et étrangère a informé assez au sujet de l’émergence ce qui est apparemment une nouveauté, de ces maîtres. Malgré cela, on a à peine publié le fait que pendant ces 40 ans le gouvernement de Fidel Castro s’est vu obligé trois ou quatre fois à recourir au recrutement massif de maîtres improvisés, parce que pour commencer c’est l’adjectif correct. Pas celui d’émergent.

Un exemple plus important, et non pas négatif, a été la création au début des années 70 du Détachement Pédagogique Manuel Ascunce Domenech, par lequel des milliers de diplômés de l’enseignement moyen ont été recrutés pour travailler comme professeurs de secondaire de base, pendant qu’ils faisaient des études pédagogiques supérieures.

De nombreux d’entre eux ont reçu un diplôme. On peut dire que pendant les années 90 la colonne vertébrale de l’instruction publique de l’île était formée par ces milliers qui par leur bonne volonté ou par impulsion politique (elle a existé) sont entrés dans les rangs du détachement en question. Il faut clarifier, son impact comme force éducationnelle se faisait respecter encore au début de l’année scolaire 1993-94, quand Cuba a compté avec un maître de primaire par 16,44 élèves et un professeur d’enseignement moyen par 8,76 élèves, selon les chiffres officiels.

Malgré ses résultats qui n’offrent aucun doute en comparaison avec ceux d’autres nations, la politique d’éducation du gouvernement de Fidel Castro a été l’objet de nombreuses critiques tout au long des années, aussi bien pour des raisons pédagogiques que pour des causes que l’on peut trouver dans le caractère de l’Etat post-totalitaire avec lequel on définit Cuba, qui s’exprime en matière d’instruction comme un monopole d’état sur l’enseignement et la politisation de celui-ci, dans un sens officiel.

On pourrait être d’accord ou non avec les éloges ou les critiques, mais le fait évident qui saute aux yeux est celui-ci: si en 40 ans de gestion el gouvernement de Fidel Castro n’a pas pu stabiliser une base de professionnels bien formés dans l’exercice du magistère pour faire des maitres improvisés un "souvenir de jeunesse", il n’y a aucun doute que "quelque chose sent le pourri au Danemark".

Il ne s’agit pas seulement, comme l’on sait, de marginalisation du pédagogue cubain d’un ensemble d’opportunités économiques qui est survenu pendant les années 90, bien que la situation de l’économie de Cuba soit difficile, ce qui a fait émigrer vers des postes ou des professions plus rémunérées des milliers de maîtres et professeurs. Si plus de 22 mille éducateurs net ont cessé d’être dans les classes entre 1986 et 2000, selon des données officielles, ont doit penser très sérieusement non seulement au coté matériel, mais en plus dans la présence d’un sentiment de déception professionnelle, comme ce journaliste l’entend, insuffisamment clarifié parce que seulement dans la Cuba de Fidel Castro le maître est devenu déserteur de sa profession. Avant, il voulait, il avait envie d’être exactement et uniquement maître.

Le cas extrême cas des maîtres émergents s’est répété suffisamment pour trouver qu’il y a de graves répétitions d’erreurs. D’abord, peut-être, imposer le dogme d’une pédagogie sans liberté. Deuxièmement, se le laisser imposer. Parce que parmi les maîtres de l’île il y a, comme parmi tous les Cubains, une grande absence de civilité, exprimée dans la prédominance de la sortie sur la voix, en choisissant l’option d’émigrer avant celle de lutter. Que ce soit par des demandes professionnelles ou pour la liberté elle-même !

Traduction: Genevieve Tejera

[ NOUVELLES ]


Cette information a été transmise par téléphone, puisque le gouvernement de Cuba ne permet pas l'accès privé à Internet aux citoyens cubains.
CubaNet ne demande pas l'exclusivité à ses collaborateurs et autorise la reproduction de ces articles, à condition que Cubanet soit mentionné en référence.

SECCIONES

NOTICIAS
...Prensa Independiente
...Prensa Internacional
...Prensa Gubernamental

OTROS IDIOMAS
...Inglés
...Alemán
...Francés

INDEPENDIENTES
...Cooperativas Agrícolas
...Movimiento Sindical
...Bibliotecas
...MCL
...Ayuno

DEL LECTOR
...Cartas
...Debate
...Opinión

BUSQUEDAS
...Archivos
...Búsquedas
...Documentos
...Enlaces

CULTURA
...Artes Plásticas
...Fotos de Cuba
...Anillas de Tabaco

CUBANET
...Semanario
...Quiénes Somos
...Informe 1998
...Correo Electrónico


CubaNet News, Inc.
145 Madeira Ave, Suite 207
Coral Gables, FL 33134
(305) 774-1887