Un bref cours d’histoire contemporaine
Lazaro Raul Gonzalez, Coopérative de Journalistes Indépendants
HERRADURA, 13 décembre – Les enfants d’ici disposent de peu de temps pour être enfants: à 7 ans ils doivent déjà recevoir leur diplôme d’homme, en disant aurevoir pour le reste de leur vie à la consommation de viande et de lait qui
leur est vendue par le gouvernement jusqu’à cet âge. Le quota officiel que l’on accorde aux enfants de moins de 7 ans comprend un litre de lait quotidien et 230 grammes (une demie livre) de viande de bœuf par mois!
Cela semble peu, mais en réalité il n’y a presque pas de mère cubaine qui n’ait pas un coup au cœur lorsqu’elle apprend que la voiture distributrice est arrivée à l’endroit que par tradition on continue d’appeler boucherie et qu’après
avoir fait la queue elle rentre chez elle avec le tout petit paquet de loques, qu’elle devra diviser en 30 atomes – dis-je petits morceaux – de ¼ d’once chacun. Cela si elle veut que l’enfant puisse avoir sa probablement unique source de protéine quotidienne. Ce
malabarisme
Diététique pourrait être encore plus compliqué – comme il arrive chez moi – s’il y a un autre enfant dans la famille qui soit déjà «un peu grand» (comprenez 8 ou 9 ans), dans ce cas chaque frère ou sœur (il faut leur
apprendre à être généreux) recevra la quantité d' 1/8 once par jour. Ah! Nous oublions déjà qu’il s’agissait de viande de bœuf.
Mais si cela était peu, quelle sera la situation de la famille lorsque l’enfant arrive à sa «majorité», c’est à dire 7 ans, lorsqu’en plus de la viande on lui coupera la prestation de lait? Quelle vache va-t-on traire si leur élevage même
pour nous qui habitons la campagne est un exercice de haut risque ou quelle va-t-on tuer, si son sacrifice est légalement considéré aussi criminel et punissable comme l’homicide le plus répugnant?
Précocement, depuis déjà deux ans, mon fils aîné est un homme, puisqu’il a déjà 9 ans. Jusqu’à présent il avait partagé ses rations, mais depuis le 8 décembre dernier mon fils cadet a reçu son diplôme
d'homme, puisqu’il a eu 7 ans, en laissant derrière lui les «privilèges d’enfants». Ce dernier homme, malgré tout est resté un peu nain: il mesure encore 1 m 15 et pèse à peine 22 kilos.
Pour que s’accomplisse le développement vital de mes fils, devrais-je voler du lait dans une laiterie d’état? Devrons-nous inventer mon épouse et moi un plan pour tuer un veau par une nuit de clair de lune?
En réalité, cette option – exercée par des milliers de Cubains – ne parait pas à celui qui écrit cette note un choix responsable et rationnel à faire par un homme auquel on a appris cela «tu ne voleras point».
Dans sa condition de père (cubain) il semble à ce rédacteur que la posture la plus raisonnable et honnête est de recommander au gouvernement de son pays – qui est aussi celui de ses enfants – que l’on retarde jusqu’à 11 ans le droit des
enfants cubains à boire du lait et à manger un brin de viande.
C’est ce qu’attendent les enfants et les mères.
Traduction: Genevieve Tejera
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