CUBANET

23 décembre 1999



Shopping Vs. éducation communiste

Tania Quintero, Cuba Press

LA HAVANE, 23 décembre – Le souvenir est toujours très vivant chez Inès Maria. Habillée en alphabétisatrice, avec une lanterne à la main, le 22 décembre 1961 pour la première fois dans sa vie elle avait défilé sur la place de la Révolution. C’était la culmination d’une campagne nationale pour apprendre à lire et à écrire à des milliers d’analphabètes disséminés dans toute l’île. Elle même avait été dans un endroit éloigné de la Sierra Maestra.

Une nouvelle fête du calendrier était née à Cuba: la fête de l’éducateur. Depuis alors on la célèbre, mais jamais comme à partir de la dépénalisation du dollar en 1993, quand pour faire des cadeaux il faut aller à un «shopping» pour l’acheter, dans la monnaie de l’ennemi numéro un de Fidel Castro et de sa révolution. Pas en Euros, yens ou livres sterling, mais en dollars. En liquide.

Qui ne peut faire cadeau d’une pacotille d’un «shopping» est mal vu ! Inès Maria, qui à 17 ans a défilé devant le monument de Marti en chantant l’Hymne des Alphabétiseurs doit aujourd’hui faire un effort surhumain pour pouvoir faire un cadeau aux instituteurs de ses petits enfants.

Elle n’avait pas eu ce problème avec ses enfants. Elle était divorcée et travaillait, mais dans les années 70, «lorsque notre monnaie était le peso et le mot «shopping» n’était pas entré dans notre vocabulaire, on donnait une eau de Cologne, un bibelot ou même une «matrioshka» russe, que l’on pouvait acquérir à un prix modique en n’importe quel endroit.

Mais maintenant, si ce n’est pas quelque chose d’obtenu dans un magasin percevant en devises – nom officiel des «shoppings» - on n’est pas à la page, on n’est pas apprecié dit Inès Maria qui a vu comment la fête de l’Educateur s’est convertie en une véritable rivalité, pour voir qui fait le meilleur cadeau. «Il y a des parents que peuvent dépenser 20 dollars ou plus, mais pas nous.

Pour se synchroniser avec le dollar, Inès Maria a fait une tirelire et elle y jette les sous. «Je commençais à économiser presque une année avant pour que mes petits enfants ne se sentent pas mal. Mais même ce que je réussissais à réunir ne donnait pas plus que pour un petit mouchoir ou une savonnette, puisqu’il y a beaucoup d’instituteurs».

Pour la Fête de l’Educateur de 1999, ses petits-enfants lui ont dit: «Grand-mère, ne me donne plus de savonnettes parcequ’il y a des enfants dans la classe qui apportent des beaux cadeaux». Devant ce choix, Inès Maria a vendu sa meilleure paire de chaussures. On lui a donné 20 «fulas». Elle a préparé cinq étuis, un pour chaque instituteur et un autre pour l’auxiliaire de pédagogie. Pour les six présents elle a investi 18 dollars. «Les deux dollars qui sont restés j’allais les garder pour la fête des Rois.»

Mais une semaine avant le 22 décembre, la directrice de l’école dans une réunion a demandé aux parents qu’ils apportent un ou plusieurs petits cadeaux pour les distribuer parmi les employés qui ne travaillent pas directement avec les élèves. Ce n’a pas été la seule demande. Elle a aussi demandé que les mères apportent «un plat» pour la fête que les instituteurs auraient ce jour-là, après la fin de la cérémonie officielle de commémoration.

Inès Maria, albabétisatrice en 1961 et grand-mère cherche-dollars en 1999, a décidé de «ne pas me casser la tête. J’ai acheté pour le cadeau collectif trois savons Bonabel à 0,25 centimes chacun et avec 0,90 centimes j’ai acheté un paquet de boisson en poudre, de ceux qui font 8 litres». Avec les cinq centimes qui restaient elle a acheté un chewing-gum.

Apres tout, elle n’est pas la mère, tante ou grand-mère dans la pire des situations. Inès Maria a entendu dire qu’ «il y a des écoles où on a demandé des cadeaux de trois à cinq dollars minimum». A tout cela il faut ajouter ce que coûte pour un enfant d’aller tous les jours à l’école primaire: d’un à trois pesos sont la dépense quotidienne des plus pauvres et de 10 à 20 pesos (ou ½ centime de dollar) pour les plus favorisés.

Inès Maria connaît un chauffeur de taxi particulier qui reçoit trois dollars tous les jours pour aller chercher à l’école et l’emmener chez elle une élève du pré universitaire Raul Cepero Bonilla, dans le quartier 10 Octobre, La Havane. «Dans cette école presque tous les enfants sont fils de papa et maman, personnes qui travaillent au gouvernement ou dans la zone dollar».

Ceux-là sont l’exception. La majorité des parents des plus de deux millions d’élèves du système national d’enseignement doivent inventer des trucs pour que leurs enfants aillent, comme dit Inès Maria, «avec des uniformes décents et décemment chaussés, avec quelque chose de chaud dans l’estomac, un petit goûter dans la sacoche et quelque aliment, bien que ce soit un œuf dur, pour renforcer le déjeuner si mauvais du réfectoire scolaire».

Elle a oublié de dire: c’est qu’aussi la Fête de l’Educateur pour pouvoir faire cadeau aux instituteurs de quelque chose acheté dans un «shopping», peu importe si le cadeau est pour le professeur de Cuba Demande, le sujet le plus récent incorporé au programme des études de Cuba.


Traduction: Genevieve Tejera

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