CUBANET

2 Juin, 1999


Cuba, le mot pendant la période spéciale

par Armando Añel Guerrero, Groupe de Travail Decoro

LA HAVANE, mai – A la question d'une journaliste, le commandant en chef répondit emphatiquement : "La période spéciale durera 100 ans, en fin de comptes, ce n'est pas la faute de Cuba, mais du monde, où nous ne sommes pas encore immergés.".

"100 ans ?" Oh ! Par la faute du reste du monde ?", aurait pu avoir insisté l'intéressée avec le meilleur de ses sourires. Mais elle ne l'a pas fait, elle n'a pas osé, elle n'a pas eu vraiment envie d'oser. Il s'agissait réellement d'une journaliste, pas du tout d'une "gusana", scorie, apatride, rieuse, rongeuse, annexionniste, déviationniste, mercenaire, contre-révolutionnaire, archétype, lèche-bottes, agent de la CIA, de l'impérialisme, de la réaction. Il s'agissait d'une « révolutionnaire ».

Le mot absout ? Le mot condamne ? Aujourd'hui les mots n'ont pas de sens, ou pour dire mieux, les mots n'arrivent pas à trouver leur place, et pour cette raison plus que de nommer les choses, ils les vident de leur signification intime. Un pigeon peut s'appeler scorpion, un vautour arriver à la catégorie de papillon. La période spéciale durera 100 ans, et la faute en sera toujours l'autre, l'autre, l'autre… Mais qui est l'autre ?

Déjà dans son discours du premier mai 1971, Fidel Castro nous clarifiait : "Ces sociétés décadentes, pourries et vermoulues jusqu'à la moelle des os par ses propres contradictions (il se referait à cette époque à l'Europe capitaliste) qui ne dureront pas longtemps". Maintenant, malgré cela, nos dirigeants principaux rendent visite à ces sociétés agonisantes afin qu'elles investissent aussitôt que possible dans l'île, dans cette même île où, comme déclarait le président des conseils de l'Etat et des Ministres il y a presque trois décades" dans les prochains 15, 20, 15
ou 30 ans, on pourra voir les meilleurs fruits dans l'ordre matériel". Curieux tour pendable de l'histoire, ou du mot.

Période spéciale, période spéciale. A cuba, le refrain acquiert des connotations singulièrement parodiques. A Cuba le révolutionnaire est celui qui est du coté de l'immobilisme et de l'état des choses en place ; contre révolutionnaire est celui qui désire un changement, une transition, une révolution ; apatride celui qui aspire à relever l'île sur les ruines de son histoire récente; patriote celui qui enterre le corps de la nation sous les ruines d'une idéologie qui a perdu son prestige. Le mot lui-même "Cuba" a été la victime de la manipulation de l'état. Pour cette raison lorsque je dis "à Cuba, le refrain.." ou "à Cuba, révolutionnaire…", on ne sait pas si je parle de l'île ou du parti qui la gouverne. Notre période spéciale est avant tout linguistique. Le mot nous trahit, puisqu'on nous refuse d'utiliser les mots.


Traduction: Genevieve Tejera

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