Attaque perfide dans la presse cubaine
contre les journalistes indépendants
Angel Pablo Polanco, Coopérative de Journalistes Indépendants
La Havane, mars - En rompant avec le silence absolu qui jusqu'à maintenant était
habituel dans la presse cubaine sur le sujet, un groupe réduit de journalistes officiels de
Cuba est en train de développer une campagne déloyale contre ses collègues indépendants,
après l'approbation le 16 d'une loi pour réprimer la dissidence interne.
La Loi de Protection de l'Indépendance Nationale et l'Economie de Cuba, approuvée
ce jour-là par le parlement cubain, selon une version publiée par le journal
Trabajadores, prévoit de lourdes peines qui varient entre 2 et 20 ans de prison pour ceux que
le gouvernement estime appuyer la Loi Helms-Burton, l'embargo et la guerre économique, qui
sont qualifiés par cette même loi comme dirigés vers la cassure de l'ordre
interne, la déstabilisation du pays, la liquidation de l'état socialiste et de l'indépendance
de Cuba.
Avec ses attaques virulentes ces journalistes suivent les pas de l'un des écrivains les
plus intolérants de la presse officielle, monsieur Nicanor León Cotayo, qui le 7
janvier de cette année déclara dans un article publié dans le journal Gramma: "L'un
des personnages fabriqués par cette machine puissante (Washington) a été le
dissident, qui entraîne ici ceux qui aussi se disent défenseurs des droits humains, ou
journalistes indépendants".
Le but fondamental des travaux journalistiques de ce petit groupe est de dénigrer les
journalistes indépendants, dont le travail de divulgation de la réalité cubaine
à l'extérieur pourrait être considéré par le gouvernement cubain
comme un appui aux objectifs de la Helms-Burton, le blocus et la guerre économique, et pour
autant, punissable depuis le moment où la loi est mise en vigueur.
Impudiquement, les journalistes officiels Roger Ricardo Ruiz, Rosa Miriam Elizarte et Tubal Páez
ont publié des articles dans lesquels ils utilisent toutes sortes d'affirmations
irresponsables, des injures envers leurs collègues dissidents, avec le but évident déjà
mentionné. Les affirmations et les injures ont un caractère schématique et se
basent sur les prototypes politiques fabriqués par le gouvernement lui-même, qui n'ont
rien à voir avec la réalité et pour autant n'ont aucune crédibilité.
Voici quelques uns d'entre eux.
Le 20 février, dans le journal Gramme, Ricardo Ruiz qualifia d'armes justes et nécessaires
les lois qui modifient le Code Pénal et celle de la Protection de l'Indépendance
Nationale et de l'Economie de Cuba, et bien qu'il ne mentionna pas spécifiquement les
journalistes indépendants, il signala que "à coté du délinquant
commun, il y en a un autre encore plus détestable, pour être anti-patriote et
mercenaire, qui prospère sous un drapeau annexionniste", et que "ceux ci sont les
fils bâtards de Torricelli, Helms et Burton, trois sénateurs connus des Etats-Unis".
Le 23 de ce même mois, dans le journal Juventud Rebelde, Rosa Miriam Elizarde les qualifie
de "petite poignée de scribes" et "mercenaires dans le besoin", et
exprime son mépris envers eux en signalant dans son article que "sauf de rares
exceptions, ils ne sont jamais passés par une rédaction".
Mais le plus irrationnel de tous les articles est celui publié le 11 mars dernier, dans
le journal Granma avec la signature de Tubal Páez, président actuel de l'Union des
Journalistes de Cuba, une organisation officielle. Dans son oeuvre au titre de "Vil
sous-produit", Páez qualifie les journalistes indépendants de collaborateurs qui "envoient
des messages á des moyens de diffusion des Etats-Unis avec le but de mal informer, démoraliser
et semer la confusion à l'intérieur et à l'extérieur du cercle",
les disqualifie comme journalistes pour n'avoir jamais travaillé dans la presse révolutionnaire,
et comme indépendants, puisque selon son dire, ils militent dans le parti contraire. Il les
appelle aussi paresseux, frustrés, ivrognes ou erronés qui sont prêts à
changer leur patrie pour une bouteille de rhum ou un morceau de savon, et en plus de peu nombreux, lèche-culs.
Monsieur Páez conclut son article en réclamant pour le journalisme officiel le
qualificatif d´indépendant, et pour leurs collègues qui y travaillent celui de
dissidents puisque selon lui ils se nient à respecter l'imposition d'une pensée
dogmatique, qui exclue et totalitaire, affirmations qui toutes manquent du moindre sérieux.
Les attaques impunies de ces journalistes, ne peuvent cependant pas être considérées
comme des actions individuelles. Elles sont orchestrées dans une campagne du gouvernement qui
se prépare pour balayer la dissidence interne, et il est lamentable que quelques personnes
comme les antérieures se prêtent à des objectif aussi mesquins.
Mais les journalistes indépendants, tous professionnel de haute qualification, qui
travaillent avec une grande valeur étique, appréciés pour leur crédibilité,
tolérance et esprit humanitaire, semblent disposés à affronter le défi
que le gouvernement cubain leur impose dans des conditions si inégales, avec la nouvelle loi.
Cette attitude digne est celle de successeurs, comme Martí, du père Félix
Varela, le premier qui a enseigné à penser, notre premier journaliste politique et
fondateur. Varela déclara précisément:"Je n'ai rien fait d'autre que de
faire que les hommes se connaissent entre eux, et connaissent leur situation, pour qu'au cas où,
comme pour sa nature même il est inévitable, les passions puissent se calmer, les désastres
soient empêchés, et que le pays obtienne d'immenses avantages qui rendent heureux ses
habitants actuels et ses générations futures. Si cela est un crime, voila un crime
protecteur de l'humanité et conforme à la justice, voila un criminel qui est fier de
l'être".
Traduction: Genevieve Tejera
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