CUBANET

MARS 17, 1999


Où est l'humanisme de la révolution ?

Maître Reinaldo Cosano Alén

LA HAVANE, mars - Le cas de Aleida Sánchez Diaz est sous le sceau de l'humanité d'un gouvernement qui à ses débuts démagogiques, s'est déclaré "des pauvres et pour les pauvres". A l'âge de 34 ans, veuve, avec deux enfants, très malade des nerfs, ils ne lui donnent pas de trêve.

Elle occupait à Guanabo un logement prêté par l'état, avec le qualificatif de moyens de base, sous lequel on n'arrive jamais à être propriétaire. Elle loua sans avoir une licence d'autorisation, et ce fut la débâcle, son calvaire.

"Pourquoi as-tu loué sans avoir de permis ?" lui ai-je demandé. Elle me répondit:

"Par nécessité économique. J'ai une pension mensuelle de 80 pesos cubains, équivalents à quatre dollars (24 francs français), et ce n'était pas assez pour les frais de mon fils de 13 ans et les miens. L'aîné de 18 ans vit avec son père dans la province de Villa Clara".

"Comment est-ce arrivé Aleida?"

Elle raconte: "Vers les 10 heures du soir du 3 avril 98 on frappa à ma porte, c'était une jeune fille qui m'assura qu'elle n'était pas jinetera (prostituée), qu'elle avait des problèmes à résoudre à la Havane, et qu'elle avait besoin de passer la nuit quelque part. Elle m'offrit un dollar. J'acceptai. Je lui demandai qu'elle ne dise pas que je lui avais loué.

"Au matin du 4 avril la police se présenta et nous arrêta toutes les deux. Elle eut peur et dit que lui avais loué. Ainsi commença une chaîne de manque d'égards et d'abus. Ils m'ont donné une amende de mille pesos que mon frère dut payer. Une cousine m'avait envoyé 100 dollars de Miami, et par sécurité je les avais déposé en banque. Le compte a été congelé et on m'a pris ce peu d'argent. De l'unité de police de Guanabo ils m'ont transféré à Alamar où j'ai été détenue pendant une semaine.

"Ils m'imposèrent un cautionnement, comme si j'étais dangereuse, de mille pesos, que ni mon frère ni moi n'ont pu payer. Ils ont permis un changement dans les mesures de prévention: devoir comparaître à l'unité de police pour signer de façon périodique. Je pensais que l'amende, aussi élevée qu'injuste, était en elle même la sanction, y compris la confiscation des dollars. Ce n'en était rien. Je dus comparaître à un procès, et fus condamnée à trois ans de prison, mais comme je suis très malade des nerfs, et pour mon jeune enfant, ils ont commué ma peine à trois ans de réclusion domiciliaire.

"Je ne peux pas sortir de chez moi, si ce n'est pour ce qui est strictement nécessaire: aller chez le médecin ou signer au poste de police. Cette sanction me parait aussi injuste qu'excessive. Je suis schizophrénique paranoïde depuis âge de 19 ans. J'ai été hospitalisée à Mazorra, l'Hôpital Psychiatrique National en trois occasions de trois mois chacun. Cette situation m'a rendue pire. Je n'avais jamais eu de problème avec la police ni ai d'antécédent pénal. Maintenant cette réclusion domiciliaire me rend très malade.

"De plus, on m'a délogé de Guanabo avec mon jeune fils, et on m'a donné un petit appartement intérieur dans un "taudis" de Guanabacoa, où il y a toujours un remue ménage de personnes et de choses, beaucoup de cris et de conversations à voix haute. Ceci me déstabilise beaucoup. La même chose arrive à mon fils, qui a vécu cette tragédie en étant déraciné comme moi, non seulement de son école, de ses petits amis, de ses jeux, mais aussi du quartier où il a toujours vécu, de sa maison. Il est très stressé, il rejette l'école. Je remarque qu'il est violent".

Aleida Sánchez Díaz conclut: "Ils ne m'ont pas bien traitée. Ils n'ont pas considéré que je suis une femme malade avec un jeune fils, avec peu de revenus, et en plus, un comble, ils m'ordonnent de payer 20 pesos par mois de loyer, des 80 que je reçois. Où est l'humanisme que la révolution proclame ?"

Le cas de Aleida Sánchez, relogée de force à Guanabacoa, n'est pas exceptionnel. Comme la sienne, il y a des douzaines de situations abusives similaires. Pour cette raison, comme un écho, ses paroles résonnent, emportées par le vent: Où est l'humanisme de la révolution ?


Traduction: Genevieve Tejera

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