CUBANET

7 Mai 1999


L'ennemi résout les problèmes

LA HAVANE, 4 mai (Luis Lopez Prendes, BPIC) – Mercredi dernier, comme d'habitude, au lever du jour je me suis mis à la porte de ma maison pour écouter les bavardages des femmes lesquels, faut-il ajouter, représentent une source incalculable d'information.

L'une d'elles, Maria, demanda à ma mère : "Elda, qui vend du savon pour laver ?"

"Je ne sais pas", lui a répondu ma progénitrice. Et elle ajouta : "Regarde le paquet de linge qui attend du savon". Tout de suite Carmita est arrivée, en mangeant un morceau de pain de la veille, tout en parlant de sa très mauvaise qualité et demanda : "Qui vend du détergent ?" Au même moment, Juana, l'autre voisine annonça de son balcon : "Le poisson est arrivé !" Les trois femmes à l'unisson lui répondirent : "Quel poisson ?" De son côté maria, la plus rusée d'entre elles, affirma que depuis plus de six mois on ne vend pas de poisson frais dans la capitale de la république – maquereau ou saurel – et ajouta : "L'ennemi résout les problèmes".

Sans doute, la blague que Maria commença à faire courir, s'arrêta à un certain point : "Le dollar", s'exclamèrent-elles contentes.

Néanmoins, cette monnaie universelle, combien de tort nous a-t-elle fait à Cuba quand elle était pénalisée. De son coté, Zenen, un ami octogénaire, passa plus de 15 ans en prison pour trafic et possession de dollars. Egalement, son neveu Juanito passa en prison quelques saisons pour des délits similaires. De la même façon, que dire de milliers de cubains qui d'orient à l'occident, firent partie de la population pénale année après année, jusqu'en 1994, quand le régime lui-même qui les avait jugés, de-pénalisa un jour le dollar qui constitue le symbole de l'impérialisme yankee, ennemi obstiné de ce qu'on appelle la révolution cubaine.

Quelque chose de semblable est advenu avec ceux que l'on surnomme "marielitos". De traîtres – comme on leur criait et on les injuriait – ils se convertirent en "apporte-dollars". Cette devise, au jour d'aujourd'hui, est l'ouvre sesame ou le Eleggua – comme on dit populairement en se référant à la déesse qui possède les chemins dans les religions africaines – pour chaque famille de l'île. Les savons, détergents, l'huile, le poulet, les épices, les jus de fruits, le lait condensé et évaporé, la viande de bœuf, les crustacés et un long etcetera sont quelques-uns uns des approvisionnements que l'on peut principalement acquérir en dollars. A ceux qui sont distribués par le système de rationnement alimentaire, on lui donne l'apophtegme de "Noël à la Saint-Jean". Les autres produits, je garantis que des millions de compatriotes les voient seulement dans des expositions, par exemple une langouste de taille normale, coûte 24 dollars, 480 pesos au cours officiel.

Selon les statistiques officielles, le salaire moyen est de 209 pesos par mois. Quelle ironie celle d'entendre "socialisme ou mort" !

D'un autre côté, une information gouvernementale a annoncé ce mardi, que l'on a ouvert un bureau au siège de la mairie de cette capitale pour accueillir le peuple. Le rapport ajoute qu'il a été ouvert par son maire, monsieur Conrado Corona Martinez.

Accueil a pour synonyme circonspection, application, réflexion, etcetera, etcetera. Néanmoins, ce bureau résoudra-t-il les problèmes vitaux qui épuisent les citoyens de cette province ? J'affirme que cela constitue un autre euphémisme. Pourquoi ? Parce que le six août 1997, une heure avant d'avoir été libéré de l'unité policière de Zapata et C, dans le quartier du Vedado, après avoir été arrêté pendant les huit jours qu'a duré le XIV Festival de la Jeunesse et des Etudiants, et en plus, d'avoir cruellement vu comment ma mère a reçu la permission d'une visite à l'intérieur des cachots, l'officier de la Sécurité de l'état, qui se fait appeler Aramis, m'a dit : "Prendes, je suis celui qui s'occupe de toi pour la Sécurité de l'état, et si quelque officier de la Havane Ancienne où tu habites te dérange, tu leur dis qu'ils m'appellent".

Content je lui dis : "Donnes moi deux pantalons, deux chemises, une paire de chaussures et 500 pesos".

"Moi je ne peux pas te donner ca", me sortit-il avec orgueil. "Alors, tu es là pour me réprimer, et non pour t'occuper de moi", lui ai-je confirmé.

"Vas t-en", m'a-t-il ordonné finalement, debout à la porte d'entrée principale de la gendarmerie.

Plusieurs fois par la suite j'ai été de nouveau arrêté, par la même personne qu'il m'avait annoncé ne pouvait pas le faire. A la fin j'ai été à pied jusqu'à la rue Zapata, habillé d'un short, chaussures tennis, chemisette, barbu, puant, obligé pendant huit jours à ne pas me laver. J'ai arrêté un taxi, un autre et un autre, jusqu'à ce que je doive offrir quatre dollars pour un parcours de trois kilomètres jusque chez moi.

Aujourd'hui je partage la thèse de Maria : l'ennemi résout les problèmes.


Traduction: Genevieve Tejera

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