Les porte-parole rugissent
Mario J. Viera Gonzalez, Agence Cuba-Voz
LA HAVANE, novembre Les media du journalisme gouvernemental cubain sont sur des charbons ardents. En réalité ils rugissent. Ils fustigent et se dépouillent de leurs vices pour les lancer à d'autres. Mais maintenant les porte-parole du gouvernement de Cuba ne
jettent pas leurs lances contre le journalisme indépendant cubain. Les mauvais sont maintenant les représentants du journalisme étranger.
Avec les pages des journaux de propagande qui sont la propriété du Parti Communiste de Cuba, Juventud Rebelde, Tribuna de La Habana et Trabajadores, en charriant des insultes se sont jetés sur la presse étrangère, qu'ils accusent de manipulatrice, mal informée,
violatrice de l'éthique et du sérieux journalistique et complotant contre Cuba.
Trois plumes mouillées avec l'encre du Département d'Orientation Révolutionnaire du Comité central du Parti Communiste, celles des porte-parole Hugo Rius, de Juventud Rebelde, Angel Rodriguez Alvarez, de la Tribune de La Havane, et Ernesto Montero Acuña, de
Trabajadores, se sont chargés de mener à bien et exactement la mission dont ils ont été chargés, en employant avec plus ou moins d'élégance les mêmes arguments, avec une similitude dans ce qu'ils expriment qui est par trop suspect.
Les qualificatifs dont ils font maintenant cadeau aux journalistes de la presse étrangère sont pratiquement les mêmes que ceux qu'ils nous offraient à nous les journalistes alternatifs, seulement en changeant de contexte. Pour Rius il y a ce que l'on appelle «ignorance
préméditée », en se référant à un groupe de journalistes qui «se montraient note Rius inclinés de façon insistante à juger la condamnation faite à quatre sujets (ainsi nomment-ils avec mépris les
quatre de La Patrie appartient à tous) il y a quelques mois pour un délit juridiquement punissable ».
L'ineffable Rodriguez Alvarez parle de la manipulation brutale et grossière de l'information en relation avec la réalité cubaine », et se plaint de ce que les agences étrangères appellent «dissidents » les dissidents cubains, qu'il préfère
appeler «contre révolutionnaires au service de la SINA (Section d'Intérêts des Etats-Unis. »
Pour sa part, Montero Acuña dit qu'il ne veut pas accuser «tous les collègues de la presse étrangère accréditée, fréquemment manipulés pour leur condition de salariés », et proteste pour une campagne supposée «enflée
par les agences étrangères et envoyés spéciaux (
) celle des appelés 'dissidents', la démocratie et les droits de l'homme de Cuba ».
Tous s'unissent pour se faire écho de la plainte de Castro que le Sommet Ibéro-Américain a été peu remarqué par les journalistes. Les titres de leurs chroniques éditoriales parlent de cela. Celle de Rius s'intitule « Ignorance », celle
de Rodriguez a adopté un titre proverbial : « On attrapé d'abord un menteur
», et celle de Montero, avec moins de parements littéraires, « Le Sommet qui oui a existé ».
Rius montre des marottes académiques et s'engage dans un débat technico théorique, adjuge aux journalistes vrais les «techniques » caractéristiques du journalisme gouvernemental auquel il appartient : « Distorsionner un fait en maintenant une partie de
la vérité, isoler une phrase de son contexte ou supprimer une partie importante de ce qui a été dit, déséquilibrer les points, l'usage tendancieux des adjectifs et guillemets, la simulation du style objectif et l'énormité d'effacer ou pour le
moins de ternir l'histoire ».
Le lecteur veut-il avoir de bons exemples de cet anti journalisme que nuance le professeur Rius ? Bien examinez attentivement le Granma ou Juventud Rebelde ou Trabajadores, ou ce petit torchon Tribune de La Havane. Mais oh merveille de merveille ! comme dirait Shakespeare. Voyez cette
merveilleuse dissertation de Rius sur l'« Ignorance » : « Où s'en est allée une règle aussi élémentaire de travail journalistique que nous avons appris depuis le début, comme celui du 'contraste de sources', pour arriver à la vérité
et exposer les processus avec équilibre objectif ? » On ne peut pas être plus sophiste. Lorsque Rius répète les diatribes gouvernementales contre la dissidence, il utilise seulement une seule source : celle du gouvernement. Et ni lui ni les porte-parole
journalistiques n'ont jamais été vers les «sources de contraste » parmi ces dissidents qu'ils dénigrent tant.
Sacré Rius ! Qui ne va pas être d'accord avec lui quand il attend qu'un jour tous les codes déontologiques du journalisme promeuvent «quelque chose qui ressemble à une loi de protection du savoir citoyen » ? Peut être veut-il dire «droit du citoyen
à recevoir une information véridique ». Lorsque cette loi existera pauvre de vous, Rius et vos collègues du journalisme gouvernemental cubain !
Rodriguez et Montero se lamentent et maudissent que l'on ne leur ait pas donné l'importance que le gouvernement de Cuba veut que l'on donne à l'inauguration tardive (presque à la moitié de l'année scolaire ) de l'Ecole Latino-américaine de Sciences Médicales.
Rodriguez affirme dans une phrase mal construite : « Rien ne peut-on trouver sur la cérémonie d'inauguration, ni un mot, ni la plus infime référence ». Ensuite on se rend compte du point mis après avoir parlé de l'Ecole latino-américaine de
Sciences Médicales, qui dit-il compte 1.919 étudiants inscrits.
En continuant leurs attaques envers le journalisme étranger, qui ne fait pas ce que ceux du gouvernement veulent qu'ils fassent ou écrivent, Montero Acuña, avec son « Sommet qui oui a existé » proclame son adhésion à la rhétorique
gouvernementale, lorsque inconsolablement il se plaint que «on a ignoré l'essence démocratique de notre système politique et la pleine consécration, comme dans très peu de pays, de l'attention réelle et intégrale envers les droits de l'homme de
tous
» Les porte-parole gouvernementaux de la presse de l'unique parti politique reconnu par le gouvernement rugissent contre le journalisme étranger. Hier ils ont braillé contre nous qui osons faire du journalisme qu'ils ne peuvent pas faire pour leur condition de salaries
d'un gouvernement qui ne tolère pas d'autre opinion qui ne soit pas la sienne. Demain, si cela convient au patron gouvernemental pour quelque intérêt politique du moment, ils rugiront de nouveau contre nous.
Traduction: Genevieve Tejera
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